Vue d'en haut

Je suis un milan royal. Lors de ma migration, autour du mois d’octobre, je descends de Scandinavie pour rejoindre l’Afrique du Nord. J’en vois, du pays, mais jamais je ne me lasse du spectacle auvergnat.

J’arrive du nord par le Bassin Parisien, puis remonte le cours de l’Allier pour déboucher sur la Plaine de la Limagne qui pénètre dans le Massif Central. Je me retrouve entouré de massifs, à l’est, les Monts du Forez, à l’ouest, la Chaîne des Puys. Un alignement de 80 édifices volcaniques qui me montrent le chemin. Je ne les approche tout de même pas trop, de peur de les voir se réveiller. Les ancêtres nous ont raconté de drôles d’histoires à leur sujet. Je me contente de suivre la faille de la Limagne, qui me permet de contempler de belles falaises le long de cet affleurement granitique. Je passe le plateau de Gergovie et vois se profiler la Montagne de la Serre, beau plateau, qui va me servir de point de repère pour commencer mon changement de cap.

C’est que je dois rejoindre le détroit de Gibraltar. Alors, la vision du Puy de Sancy me permet une bonne approche. Je survole les Pays Coupés. J’arrive sur les contreforts du Massif du Sancy, par ces lacs et édifices façonnés par les glaciations, par la Couze Chambon puis son lac et sa vallée glaciaire. Je me permets un petit piqué dans la vallée de Chaudefour pour effleurer la Dent de la Rancune. D’autres avant moi l’ont fait, j’en suis sûr. Je remonte, je passe le Puy Ferrand et continue ma route par le Pas de l’Âne, laissant le Sancy sur ma droite. Je pique dans la vallée de la Fontaine Salée, effleure l’Artense. J’aurais bien aimé parcourir le Cézallier sur l’est, cette vaste étendue de verdure pareille à une petite Mongolie. Mais déjà se présentent les portes du Cantal, stratovolcan imposant. Je sais que, cet édifice passé, les choses se calmeront. La route me réservera encore quelques surprises, mais le temps me tardera de pouvoir à nouveau survoler ces belles étendues volcaniques. Pour cela, il me faudra attendre le retour des beaux jours.